Le cygne
Sur la rivière enivrée de diamants
Il planait, digne et majestueux,
De l'or sur son manteau blanc
Dans le reflet des cieux.
De longues boucles d'émeraude
Mêlées à de fins rubis
Eclairaient l'eau, où l'ombre rôde,
Bien avant la nuit.
Leur éclat aux mille couleurs
Dansait pareil à un ballet
Vaporisant de paillettes en fleurs
Les nénuphars aux longs cils dorés.
Toujours, il vogue, silencieux,
Son fin bec noir dressé comme un sextant
La lune commence ses jeux
De son rayon habile et troublant.
L'eau frissonne, frileuse,
Et s'illumine de plus en plus,
Tandis que sur la rive, curieuses,
Des fleurs cherchent un jade perdu.
Des éclats d'or et d'argent
Crépitent à la surface sans rien troubler,
Tandis que le cygne blanc
Y pose son regard velouté.
La rivière chantonne d'orgueil
Et berce ses pierreries
Là-bas, derrière les feuilles
Le cygne va affronter la nuit ...