Bals de grenouilles
Alentour, tout était silencieux, lorsque soudain,
le la fut donné.
De
coassement en coassement, elles se saluaient,
Parées de leur belle robe verte, chacune
espérant
Celui qui viendrait la
faire danser dans son habit scintillant.
Elles sautaient de feuille en feuille, les cuisses écartées,
Joyeuses, à la lumière
de la lune argentée.
Bientôt,
ce fut un véritable concert, et lorsque, à leur tour,
Les crapauds furent lâchés : roulement de
tambour ...
Tout devint vert, moi
aussi.
C'était vraiment un
chant inouï.
La reine de ces
charmantes demoiselles, une célibataire endurcie,
Me faisait penser à Madame de Fontenay,
chapeau compris.
Elle
surveillait d'un œil empli de tendresse
Ses "misses" en ce soir de grande liesse.
La plus jeune fut bientôt enlevée, dans une
valse endiablée,
Par un
prince crapaud, charmant, aux yeux enamourés ;
Toutes applaudirent, sautant de plus belle
au milieu de l'étang ;
Et quand
les deux, au clair de lune, devinrent amants,
Le spectacle devint encore plus émouvant :
Il lui offrit une bague d'émeraude pour sceller leur union.
Aussitôt bénie par le vieux Père Héron
Et à peine un peu plus tard, je pus voir, à la surface de l'eau,
Des centaines de petits têtards,
fêtards, et ce fut la fête à nouveau.
De bal en bal, de nuit en nuit, toutes les grenouilles se marièrent,
Et devinrent de charmantes petites ménagères.
L'étang fut empli de petits pères verts, de jolies
mamans
heureuses ;
Qui
n'en finissaient pas
de danser, de chanter,
dans leur
eau lumineuse,
Et tout étang bien qui
finit bien, dans les
coassements les plus
purs,
Ainsi se termina la saison des bals de ces charmantes créatures.